Entre l’augmentation des services en ligne, les obligations de transparence et les usages numériques toujours plus intenses, les sites web des collectivités consomment de plus en plus d’énergie. Cette consommation, souvent sous-estimée, pèse à la fois sur l’empreinte environnementale du numérique public, sur les coûts d’hébergement et sur la performance globale des services en ligne. Avec la loi REEN et l’arrivée du RGESN, la sobriété numérique devient désormais une exigence à part entière. Bonne nouvelle : des leviers simples et concrets permettent d’agir rapidement et avoir un site web plus sobre.
Dans une mairie de 30 000 habitants, Isabelle, responsable de la communication numérique, constate que son site municipal affiche des pages trop lourdes, des images mal optimisées et une navigation parfois lente. Les agents reçoivent des remontées sur la difficulté d’accéder aux services, notamment depuis les zones rurales où la connexion est limitée. En creusant, elle découvre que ces problèmes nuisent autant à l’expérience citoyenne qu’à la consommation énergétique de la plateforme.
Son objectif devient clair : alléger le site, améliorer sa performance et réduire son impact environnemental, sans dégrader l’accès à l’information. Une démarche à la portée de toutes les collectivités, à condition de s’appuyer sur les bons leviers.
Comprendre pourquoi les sites publics consomment autant d’énergie
Des services en ligne toujours plus nombreux et plus lourds
Les sites institutionnels ont évolué : ils ne sont plus de simples vitrines mais de véritables plateformes de services. Pages d’information, démarches en ligne, newsletter, prise de rendez-vous, agendas, cartes interactives… Chaque nouveau module sollicite davantage les serveurs.
Dans les collectivités, cette densité fonctionnelle est amplifiée par des volumes importants de contenus (PDF, images événementielles, archives, communiqués), souvent publiés sans politique d’allègement ou de nettoyage. Résultat : des pages de plus en plus lourdes, et donc plus énergivores.
Un trafic citoyen massif qui alourdit la charge serveur
Les sites publics doivent absorber des pics de fréquentation liés :
- Aux annonces municipales ;
- Aux démarches administratives saisonnières ;
- Aux événements territoriaux ;
- Aux crises (météo, transport, santé, alerte préfectorale).
Plus la demande est forte, plus l’infrastructure travaille, ce qui augmente mécaniquement la consommation énergétique. Ce phénomène est accentué sur les sites qui n’ont pas été optimisés techniquement (cache insuffisant, médias lourds, scripts non compressés, absence de CDN local).
Un cadre réglementaire qui élargit les responsabilités énergétiques
Depuis la loi REEN et l’introduction du Référentiel Général d’Écoconception des Services Numériques (RGESN), les collectivités doivent désormais :
- Documenter leurs services numériques ;
- Prouver leur engagement en matière de sobriété ;
- Intégrer l’écoconception dans la commande publique ;
- Améliorer progressivement la performance environnementale de leurs plateformes.
La conformité devient un enjeu stratégique : les sites non optimisés consomment davantage d’énergie, coûtent plus cher et ne répondent plus aux attentes réglementaires.
Un impact direct sur la qualité du service public
Un site lourd n’est pas seulement énergivore : il est aussi plus lent, moins accessible, et parfois inutilisable dans les zones à faible connexion, un problème courant dans les territoires ruraux. Cette surcharge impacte :
- La rapidité d’accès aux démarches ;
- L’expérience des personnes en situation de handicap ;
- Le référencement naturel ;
- La satisfaction citoyenne.
Autrement dit : réduire la consommation énergétique, c’est aussi améliorer la qualité du service numérique.
Les leviers éditoriaux : alléger sans dégrader l’information
Rationaliser les contenus : aller à l’essentiel
Les sites publics accumulent souvent des pages obsolètes, doublons, PDF archivés ou informations non mises à jour. Cette « dette éditoriale » alourdit inutilement le site et augmente la consommation de bande passante.
Pour inverser la tendance, trois actions rapides sont particulièrement efficaces :
- Réduire le nombre de pages en supprimant les contenus non consultés ou dépassés ;
- Fusionner les informations dispersées en une page structurée et durable ;
- Limiter les PDF au strict nécessaire : préférer une page HTML accessible, plus légère et plus facile à maintenir.
Objectif : un site plus clair, plus léger et plus facile à naviguer.
Optimiser les images et médias (levier n°1 d’impact)
Les images représentent en moyenne 50 à 70 % du poids d’une page sur un site de collectivité. Quelques ajustements suffisent à réduire drastiquement ce chiffre :
- Convertir systématiquement en WebP ou AVIF, formats plus légers ;
- Limiter le poids à 200–300 Ko maximum par image (hors cas spécifiques) ;
- Bannir les carrousels et vidéos en autoplay, particulièrement énergivores ;
- Supprimer les images décoratives lorsque le texte suffit.
Résultat : un affichage plus rapide et un impact énergétique réduit au minimum.
Préférer le texte plutôt que les visuels quand c’est possible
Les visuels sont souvent utilisés par réflexe, même lorsqu’une simple phrase ou une mise en forme suffisent. Pour une collectivité, cette approche a trois bénéfices :
- Sobriété : moins de contenu lourd ;
- Accessibilité : les textes sont lisibles par tous, y compris via les technologies d’assistance ;
- Référencement : Google comprend mieux la page.
Chaque fois qu’une image n’apporte pas de valeur informative, elle peut être remplacée par du texte, un choix simple mais très efficace.
Structurer l’information pour réduire la profondeur de navigation
Une arborescence claire réduit le nombre de clics, la durée de navigation et les appels serveur. Bonnes pratiques :
- Maximum 3 niveaux de profondeur ;
- Titres clairs et hiérarchisés ;
- Pages thématiques regroupant les contenus liés.
Cette structuration améliore à la fois la sobriété, l’accessibilité et l’expérience citoyenne.
Encadrer les pratiques éditoriales avec des règles internes
La sobriété numérique commence par une culture commune. Mettre en place :
- Une charte éditoriale « sobriété numérique » ;
- Des modèles de pages légères ;
- Une checklist interne (formats, poids, longueur, fréquence de mise à jour) ;
- Un processus de validation éditoriale avant publication.
Ces règles simplifient le travail des agents et assurent une cohérence dans le temps.
Les leviers techniques : réduire l’impact à la source
Nettoyer le code et alléger les pages
Les sites publics souffrent souvent d’un « héritage technique » : surcouches de CSS, JavaScript non utilisé, plugins abandonnés, éléments masqués mais chargés, etc. Ces éléments alourdissent chaque page et sollicitent inutilement les serveurs.
Actions concrètes :
- Supprimer les scripts inutilisés et les librairies non indispensables ;
- Minifier automatiquement HTML, CSS et JS ;
- Retirer les styles et composants orphelins laissés par d’anciennes refontes ;
- Prioriser un HTML sémantique : plus léger, plus rapide, plus accessible.
Résultat : un site plus stable, plus rapide et bien moins énergivore.
Optimiser le CMS pour éviter les surcharges
Un WordPress ou un Drupal non maîtrisé génère un grand nombre de requêtes serveur, souvent dues à :
- Une accumulation de plugins ;
- Des thèmes très lourds ;
- Des modules redondants ;
- Un cache mal configuré.
Bonnes pratiques :
- Faire un audit trimestriel des extensions ;
- Supprimer les plugins qui dupliquent des fonctionnalités natives ;
- Utiliser un thème « starter » léger plutôt qu’un thème multipurpose ;
- Activer un cache serveur performant (Redis, Varnish).
C’est l’une des optimisations les plus impactantes pour réduire la charge énergétique.
Améliorer les Core Web Vitals
Les Core Web Vitals influencent à la fois la sobriété, la rapidité et le SEO.
Trois indicateurs à optimiser :
- LCP : temps de chargement de l’élément principal ;
- CLS : stabilité visuelle de la page ;
- FID / INP : réactivité aux interactions.
Leviers techniques :
- Chargement différé des images (lazy loading) ;
- Réduction du poids du HTML ;
- Préchargement des ressources critiques ;
- Mise en cache des polices.
Un site performant consomme moins de ressources côté serveur comme côté utilisateur.
Adapter le site au mobile : un levier majeur de sobriété
Dans de nombreuses collectivités, plus de 60 % des consultations se font sur mobile.
Une version mobile efficace est naturellement plus sobre car :
- Elle utilise moins de scripts ;
- Les images sont plus petites ;
- L’interface est simplifiée.
Recommandations :
- Désactiver les animations lourdes ;
- Utiliser des images responsives (srcset) ;
- Supprimer les éléments non essentiels sur mobile.
Optimiser le mobile, c’est réduire l’énergie consommée par les terminaux citoyens.
Limiter les ressources externes gourmandes
Chaque appel à un service tiers (carte, widget météo, vidéos YouTube, tracking, réseaux sociaux…) déclenche :
- Un appel serveur supplémentaire ;
- Un chargement de scripts lourds ;
- Un impact énergétique plus élevé.
Actions simples :
- Supprimer les widgets non essentiels ;
- Charger les contenus externes uniquement sur interaction (bouton « Afficher ») ;
- Éviter les intégrations en i-frame non indispensables.
Chaque ressource externe supprimée = une page plus légère et plus accessible.
Intégrer l’accessibilité comme moteur de sobriété
L’accessibilité et la sobriété travaillent dans la même direction.
Exemples :
- HTML sémantique : pages plus légères ;
- Alternatives textuelles : moins de médias lourds ;
- Navigation simple : moins de scripts.
Pour les collectivités, cette convergence a un avantage double : moindre consommation énergétique + meilleure compliance RGAA.
Les leviers d’infrastructure : agir sur ce qui consomme le plus
Choisir un hébergement plus sobre et plus performant
L’hébergement représente une part importante de l’empreinte énergétique d’un site web public. Les serveurs fonctionnent 24h/24, même lorsque le trafic est faible, et leur consommation varie selon la qualité de l’infrastructure.
Bonnes pratiques pour collectivités :
- Privilégier des hébergeurs engagés : data centers alimentés en énergies renouvelables, certifications environnementales (ISO 50001, ISO 14001) ;
- Opter pour un hébergement mutualisé plutôt qu’un serveur dédié lorsqu’un site ne nécessite pas une infrastructure lourde ;
- Demander des indicateurs environnementaux dans les offres (PUE, DCI, provenance énergétique) ;
- Préférer des hébergements en France ou en Europe pour limiter les transferts réseaux inutiles.
Un hébergement sobre réduit la consommation énergétique en continu, même sans modifier le site.
Limiter la dépendance aux services cloud énergivores
De nombreuses collectivités utilisent des solutions cloud pour héberger des images, vidéos, formulaires ou contenus dynamiques.
Problème : chaque appel à ces ressources mobilise des serveurs distants, souvent situés hors Europe, générant un impact élevé.
Pour réduire cette dépendance :
- Réduire les intégrations de services tiers non essentiels ;
- Privilégier des ressources hébergées localement ;
- Mettre en place un système de cache robuste pour limiter les appels externes ;
- Externaliser uniquement les services critiques nécessitant de la haute disponibilité.
Moins un site s’appuie sur des services dispersés, plus son fonctionnement est sobre et maîtrisé.
Mutualiser les infrastructures au niveau territorial
Beaucoup de territoires pionniers (Lorient, Brest, Rennes…) ont réduit leur impact en mutualisant certains composants numériques :
- Hébergements communs ;
- CDN locaux ;
- Plateformes transversales ;
- Outils de gestion partagés.
Avantages :
- Moins de serveurs à maintenir ;
- Moins de duplication de contenus ;
- Moins de ressources consommées pour un même service.
La mutualisation est un levier puissant pour réduire l’impact structurel sans multiplier les investissements.
Améliorer la performance serveur grâce à l’optimisation technique
Une infrastructure peut être performante… ou énergivore. Avec quelques optimisations, une collectivité peut réduire les demandes serveur de manière significative :
Actions efficaces :
- Mise en place d’un reverse proxy (Nginx, Varnish) ;
- Activation d’un cache serveur avancé ;
- Réduction des requêtes SQL inutiles ;
- Compression systématique des ressources (GZIP, Brotli) ;
- Monitoring du serveur pour identifier les pics et surcharges.
Une infrastructure optimisée permet au site d’afficher moins de ressources et de fonctionner durablement.
Sécuriser l’infrastructure pour éviter les surcharges énergétiques
Les attaques (DDoS, robots malveillants, scans intensifs) génèrent une consommation énergétique importante et font travailler les serveurs inutilement.
Solutions à mettre en place :
- Pare-feu applicatif (WAF) ;
- Filtrage des IP et limitations de fréquence (rate limiting) ;
- Mise en cache des pages publiques pour absorber les charges ;
- Suivi de l’activité robot pour réduire les crawls superflus.
Une infrastructure sécurisée = moins de charge inutile = moins de consommation.
Outils d’audit, référentiels et ressources pratiques
Outils d’auto-évaluation pour mesurer rapidement l’impact
Avant d’engager des travaux lourds, un diagnostic simple permet d’identifier les premières marges de progression. Plusieurs outils gratuits sont adaptés aux collectivités :
- EcoIndex : analyse le poids, le nombre de requêtes et la complexité du code pour attribuer une classe environnementale ;
- Website Carbon Calculator : estimation de l’empreinte carbone d’une page en fonction de sa taille et de son mode d’hébergement ;
- ResponsiWeb : solution pensée pour le secteur public, offrant une vue globale de la performance environnementale numérique ;
- GTmetrix / PageSpeed Insights : mesures techniques essentielles (poids, chargement, scripts, Core Web Vitals).
Ces outils donnent une photographie rapide, utile pour prioriser les actions à mener.
Référentiels officiels pour structurer la démarche
Les collectivités disposent aujourd’hui de cadres de référence solides pour intégrer la sobriété numérique dans une stratégie globale :
- RGESN – Référentiel Général d’Écoconception des Services Numériques : normes nationales pour concevoir et maintenir des services numériques sobres ;
- Guides ADEME : checklists, bonnes pratiques, dossiers thématiques sur la sobriété numérique ;
- Programme EcoWeb (UCO + collectivités pilotes) : études de cas, bonnes pratiques, enseignements issus de projets terrain ;
- Portail numérique responsable du gouvernement : centralise les ressources publiques (ley REEN, fiches pratiques, actualités).
Ces référentiels facilitent la conformité réglementaire et la construction de politiques numériques cohérentes.
Outils internes pour piloter et maintenir la sobriété
Une collectivité gagne en efficacité lorsqu’elle suit ses métriques sur le long terme. Pour cela, des tableaux de bord simples peuvent être intégrés au pilotage numérique.
Indicateurs recommandés :
- Poids moyen des pages (objectif : baisse régulière) ;
- Nombre de médias > 500 Ko sur le site ;
- Score EcoIndex des pages prioritaires ;
- Volume de PDF hébergés et fréquence de mise à jour ;
- Nombre de modules actifs dans le CMS.
Ces indicateurs sont particulièrement utiles dans les réunions de pilotage DSI / communication, ou pour les rapports annuels liés à la loi REEN.
Ressources pour accompagner les équipes internes
Les agents n’ont pas toujours une formation technique, d’où l’importance de supports pédagogiques accessibles :
- Checklists éditoriales (formats de médias, poids maximum, règles d’archivage).
- Modèles de pages légères pour éviter la surconsommation ;
- Fiches pratiques « avant publication » : vérifier les images, limiter les scripts, conserver une structure claire ;
- Sessions de sensibilisation interne sur les impacts énergétiques du numérique.
Ces ressources favorisent une culture de sobriété numérique partagée au sein de la collectivité.
Retours d’expérience : ce que montrent les collectivités engagées
Les enseignements du programme EcoWeb (Brest, Rennes, Quimper, Lorient)
Plusieurs collectivités pilotes ont participé à des expérimentations d’écoconception web au sein du programme EcoWeb. Les résultats observés apportent un éclairage concret sur l’impact d’une démarche de sobriété numérique bien structurée.
Principaux enseignements terrain :
- Réduction du poids des pages grâce à une politique stricte sur les médias (jusqu’à –40 % sur certains sites) ;
- Diminution de la bande passante consommée, particulièrement visible lors des pics de fréquentation ;
- Amélioration de l’accessibilité : le travail sur la structure, le HTML sémantique et la qualité des contenus allège naturellement les pages ;
- Gain de satisfaction citoyenne : un site plus rapide améliore l’expérience, notamment dans les communes rurales où le débit internet est faible ;
- Meilleure maîtrise budgétaire : moins de bande passante, moins de stockage, moins de maintenance.
EcoWeb montre aussi que les projets les plus efficaces ne sont pas forcément ceux qui engagent les budgets les plus élevés, mais ceux qui pilotent leur démarche avec régularité.
Les stratégies d’engagement interne qui fonctionnent
Au-delà des outils techniques, les progrès observés dans les collectivités s’expliquent surtout par des approches organisationnelles efficaces :
- Implication d’un référent numérique responsable : rôle charnière entre DSI, communication et élus ;
- Sessions courtes de sensibilisation aux impacts environnementaux des contenus (images lourdes, vidéos, PDF) ;
- Mise en place de guides internes : règles d’upload, formats, poids maximum, fréquence de nettoyage ;
- Pilotes réguliers : revue trimestrielle des indicateurs (poids des pages, EcoIndex, volume média).
Ce sont ces mécanismes de gouvernance qui rendent la démarche durable.
Facteurs clés de réussite observés dans les territoires
Les retours de terrain identifient quatre conditions communes aux collectivités ayant obtenu des résultats significatifs :
- Une gouvernance claire : un pilote identifié, une feuille de route et des KPI ;
- Des objectifs réalistes : commencer par les pages prioritaires et les médias les plus lourds ;
- Une collaboration DSI / communication fluide pour agir à la fois sur l’éditorial, le design et la technique ;
- Une logique de mutualisation : outils communs, hébergements partagés, retours d’expérience entre territoires.
Ces facteurs permettent de lancer une démarche efficace sans bouleverser l’organisation existante.
Une dynamique collective plus impactante que la technique seule
Les collectivités ayant mené des actions d’écoconception constatent que :
- La technique apporte les premiers gains immédiats ;
- Mais ce sont les changements de pratiques (éditoriales, organisationnelles, décisionnelles) qui génèrent les gains durables.
Un site sobre n’est pas seulement le résultat d’une optimisation technique ponctuelle, mais d’une culture interne de sobriété numérique.
Passer à l’action : la feuille de route opérationnelle pour les collectivités
Étape 1 : Mesurer l’existant pour identifier les priorités
Avant toute optimisation, un état des lieux précis permet de cibler les actions réellement utiles.
Les collectivités obtiennent de bons résultats lorsqu’elles démarrent par :
- Un audit EcoIndex sur un échantillon représentatif de pages ;
- Une cartographie des médias : images > 500 Ko, vidéos, PDF volumineux ;
- Un audit technique du CMS : plugins actifs, scripts chargés, modules inutilisés ;
- Une analyse des Core Web Vitals via PageSpeed Insights.
Objectif : définir un « point zéro » clair, indispensable pour suivre les progrès.
Étape 2 : Prioriser les actions à fort impact
Une fois l’état des lieux établi, les actions les plus efficaces sont généralement les plus simples :
Quick wins (0 à 30 jours)
- Compression automatique de toutes les images ;
- Suppression des médias obsolètes et PDF redondants ;
- Nettoyage des plugins inutilisés ;
- Activation d’un cache serveur performant ;
- Allègement de la page d’accueil si elle dépasse 2 Mo.
Actions à moyen terme (1 à 3 mois)
- Refonte des gabarits de pages pour intégrer des variantes plus sobres ;
- Optimisation du thème ou remplacement par un thème plus léger ;
- Rationalisation de l’arborescence pour limiter la profondeur de navigation ;
- Déploiement d’un CDN local ou régional.
Actions structurelles (3 à 12 mois)
- Intégration des critères RGESN dans les marchés publics ;
- Mutualisation d’infrastructures ou d’hébergements ;
- Mise en place d’un plan de sobriété numérique pluriannuel ;
- Formation continue des équipes.
Étape 3 : Optimiser simultanément contenus, technique et infrastructure
Un gain durable naît d’une combinaison équilibrée :
Côté éditorial
- Rédiger des contenus concis et structurés ;
- Réduire les visuels non essentiels ;
- Favoriser le HTML plutôt que les PDF.
Côté technique
- Minifier le code ;
- Optimiser les requêtes serveur ;
- Améliorer les performances mobiles ;
- Activer le lazy loading.
Côté infrastructure
- Choisir un hébergeur responsable ;
- Mettre en place des systèmes de cache robustes ;
- Sécuriser l’infrastructure pour éviter les surcharges inutiles.
Ces trois volets fonctionnent ensemble. Une optimisation uniquement technique ne suffit pas si les contenus restent lourds ou si l’hébergement n’est pas optimisé.
Étape 4 : Suivre les indicateurs et maintenir la dynamique
La sobriété numérique repose sur une démarche continue.
Les collectivités pionnières s’appuient sur un suivi récurrent :
Indicateurs de pilotage
- Poids moyen des pages du site ;
- Score EcoIndex des pages clés ;
- Nombre de médias lourds encore présents ;
- Volume de PDF publiés chaque mois ;
- Requêtes serveur et bande passante consommée ;
- Nombre de plugins actifs dans le CMS.
Rituels recommandés
- Revue trimestrielle DSI/communication : mise à jour des indicateurs ;
- Audit annuel simplifié pour vérifier les progrès ;
- Mise à jour de la charte interne une fois par an ;
- Sensibilisation régulière des équipes (nouveaux arrivants, prestataires…).
Une collectivité qui structure ces rituels obtient des résultats transparents et durables.
Conclusion : un site plus sobre, plus rapide et plus accessible
Réduire la consommation énergétique d’un site web n’est pas qu’une question technique. C’est une démarche globale qui améliore la qualité du service public, renforce l’accessibilité, allège les coûts et s’aligne avec les obligations réglementaires comme la loi REEN et le RGESN.
Pour les collectivités, les bénéfices sont concrets : des pages plus rapides, des citoyens mieux servis, une empreinte environnementale réduite et une image modernisée. Les exemples de territoires engagés montrent qu’il n’est pas nécessaire de disposer de budgets extensibles pour obtenir des résultats significatifs : il suffit d’une gouvernance claire, de leviers simples et d’une dynamique interne bien orchestrée. Passer à l’action devient alors un investissement durable, autant pour la collectivité que pour les usagers.
FAQ
Comment mesurer la consommation énergétique d’un site web ?
Pour une première estimation, les collectivités peuvent utiliser des outils comme EcoIndex, Website Carbon Calculator ou PageSpeed Insights. Ces services analysent le poids des pages, la complexité du code, le nombre de requêtes et la consommation de bande passante. Ensemble, ils fournissent une vue d’ensemble fiable pour identifier les pages les plus énergivores.
Quelles actions permettent de réduire rapidement l’impact d’un site public ?
Les leviers les plus efficaces sont le réduction des images lourdes, le nettoyage du code, la compression des ressources, l’activation d’un cache serveur performant, et la suppression des contenus obsolètes (PDF, doublons). Ces optimisations génèrent des résultats visibles dès les premières semaines.
Quels outils une collectivité peut-elle utiliser pour auditer son site ?
Pour un audit complet, quatre outils se complètent très bien :
- EcoIndex : impact environnemental ;
- ResponsiWeb : évaluation adaptée au secteur public ;
- GTmetrix / PageSpeed Insights : performance technique ;
- Google Search Console : temps de chargement, indexation, Core Web Vitals ;
- Ces outils apportent une vision globale : technique, environnementale et UX.
La sobriété numérique dégrade-t-elle l’attractivité d’un site ?
Non, au contraire. Un site sobre est plus rapide, plus accessible et plus agréable à utiliser, notamment sur mobile ou dans les zones à faible débit. En réduisant les éléments superflus (carrousels, vidéos, scripts), la collectivité améliore l’expérience tout en diminuant son empreinte environnementale.
Comment intégrer la sobriété numérique dans un appel d’offres ?
Il suffit d’ajouter des exigences telles que :
- Respect du RGESN ;
- Objectifs de performance (poids des pages, Core Web Vitals) ;
- Obligation d’audit ecoindex ;
- Livrables d’optimisation (thème léger, code propre, médias compressés) ;
- Gouvernance et reporting trimestriel.
Ces critères garantissent un projet sobre dès la conception.
Quel lien entre RGAA, écoconception et consommation énergétique ?
Les trois démarches convergent :
- Le RGAA impose un HTML sémantique et structuré, ce qui allège le code ;
- L’écoconception vise à réduire le poids des pages et des médias ;
- Une page légère charge plus vite, consomme moins d’énergie, et améliore l’accessibilité.
Autrement dit, travailler sur l’un bénéficie automatiquement aux deux autres.
Que change la loi REEN pour les collectivités ?
La loi REEN exige :
- Une transparence accrue sur les services numériques ;
- L’intégration de l’écoconception dans les projets ;
- La réduction de l’impact environnemental du numérique public ;
- La mise en place de pratiques de sobriété (suivi, reportings, critères dans la commande publique).
Elle crée surtout une obligation de progrès continu, proche de la logique RGAA.




